Le boss

de Jules Campourcy

du collège du Pays de Serres de Lauzerte

Lauréat du prix Jeunesse Faction Place aux Nouvelles 2024
dans la catégorie classe de 4ème

© Jules Campourcy

Je me trouve sur le toit de la maison, devant la trappe qui mène à la cuve. Enfin c’est ce que tout le monde dit…

J’étais sûr qu’un autre monde se cache dessous. Les gens disent que je suis un peu fou, qu’il faut que je change de donjon et de dragon. Mais c’est pas ma faute, c’est plus fort que moi…

Je prends la trappe et la dépose à côté de l’entrée de la cuve. Un chemin, creusé dans des catacombes m’apparait. J’en étais sûr ! Je descends l’échelle. Des torches éclairent faiblement le chemin créant une atmosphère glauque et froide. L’air est humide et une odeur putride y flotte.

Soudain, j’entends des bruits de pas qui résonnent dans un écho inquiétant. Au craquement et au gémissement que fait cette créature, cela doit sans doute être une goule. Mieux vaut ne pas traîner avant qu’elle ne m’attrape !

Je cours le long des couloirs pendant je ne sais combien d’heures. Je suis épuisé. Je sors de mon sac un sandwich emballé d’aluminium, en croque un bout et bois une lampée d’eau de ma gourde.

Comme dans toute bonne quête, il doit sans doute y avoir un trésor à la clé. Mais avant ce trésor, il faut forcément un boss, une créature à combattre, un gardien de ces richesses. Malheureusement, je n’ai pas d’équipement. Je suis vraiment dans la panade.

Je me relève, saisis une torche, rassemble et range mes affaires et me remets à avancer dans les couloirs. Je finis par tomber sur une intersection. À gauche, ou à droite ? À partir de ce croisement la lumière disparaît. Je dois faire un choix ! Je tranche pour la gauche.

J’ai à peine fait deux pas que je tombe nez-à-nez avec un squelette ! Il a sur lui un bouclier de taille moyenne, un casque un peu rouillé et une chemise de maille. Sans perdre une seconde je me rue et saute sur lui, lui arrache son épée des mains (ou du moins ce qu’il en reste) et avec cette arme lui tranche le crâne en deux. Net.

Une fois « mort » je m’active à dérober ses affaires. J’enfile son armure, récupère son bouclier et son casque, garde son épée et lui vole sa bourse contenant quelques pièces dont je ne connais pas la valeur mais qui me semblent être en or. Après ça, je file fissa avant qu’il ne se réanime.

Quelques dizaines de mètres plus loin, je retombe sur une intersection, puis une autre et encore une autre. Est-ce que je suis dans un labyrinthe ?

Par contre, je vais faire une pause dans mon grand périple. Il y a quand même un labyrinthe avec des goules et des squelettes sous ma maison ! Enfin bref… J’y repenserai après, plus tard…

Il faut d’abord sortir du labyrinthe. Je ne pense pas qu’il me mène au monstre. C’est une ruse vieille comme les dragons ! Le labyrinthe ne mène nulle part en lui-même, c’est un passage secret qui mène au monstre.

Je m’assois pour réfléchir à une stratégie quand j’aperçois un glyphe au sol. Je souffle pour enlever la poussière. C’est le symbole des passages secrets. Quelle chance ! J’actionne le mécanisme et entre par une porte qui s’ouvre sur le mur.

Un grognement sourd s’échappe le long du tunnel sombre. Cette sonorité, je la reconnais ! C’est celle d’une Manticore !

J’ai lu beaucoup d’articles de presse sur des héros qui s’étaient fait écraser par des Manticores. Elles sont fortes, rapides, rusées et souvent sournoises. Leurs lieux de combat favoris sont soit les donjons, soit les plaines dégagées. Les Manticores ressemblent à de grands lions dotés d’une paire de puissantes ailes et d’une queue de scorpion. Leur venin est très dangereux : il peut paralyser quelqu’un pendant une journée entière. Les témoignages des héros ayant survécu à une Manticore ressemblent souvent à ceci « une créature sortie des portes de l’enfer » ou bien à « l’une des créatures les plus dangereuses des donjons ».

Je cours et l’aperçois dans une grande salle. Derrière elle, une énorme émeraude ! Je suis riche ! Encore reste-t-il à la battre. Sauf si j’évite le combat…

Je me faufile dans la pièce en rasant les murs tant que la Manticore a le dos tourné, mais, la marche en pas chassés n’est pas évidente… et malheureusement mes pieds s’emmêlent et je tombe dans un fracas tonitruant. Vous vous en doutez, avec tout ce boucan, la Manticore m’a remarqué. Alors en une fraction de seconde, je me relève et jette mon bouclier pour détourner son attention. Je cours à une telle vitesse que le vent lui-même n’aurait pas pu me rattraper. Mais la Manticore n’est pas dupe, elle revient à la charge. Je me retourne pour voir combien de distance me sépare d’elle, mais c’est déjà trop tard. Je me baisse au ras du sol pour éviter un coup de griffes et tente de lui assener un coup de ma vieille épée rouillée. Mais sa peau est dure et mon arme émoussée, ma lame ricoche sur elle comme une branche sur un rocher. C’est alors qu’elle lance son énorme dard vers moi, si jamais il me touche c’est la fin. En un mouvement désespéré, je saute par-dessus sa queue et essaye de m’éloigner un peu de mon adversaire.

Je me rue sur l’émeraude et l’attrape, quand, soudain…

– Pauuuuul ! On mange ! Ça fait trois fois que je t’appelle ! Ton assiette va refroidir !

Je jette mon bâton, lâche le caillou que j’ai dans la main. La Manticore est un bien piètre adversaire face à celui que je vais devoir affronter !

Je vais sans doute perdre face au boss de la maison.

Ma Maman.

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